Revue du scanner de films Plustek OpticFilm 8200i

Parmi les amateurs de photographie qui utilisent des appareils photo numériques (APN), nombreux sont ceux qui ont connu les appareils dits « argentiques », donc utilisant des pellicules. Et quelques-uns possèdent encore des films négatifs ou des diapositives, lesquelles permettaient, à l’époque, de projeter en famille ses photos sur un grand écran (comparé à un écran d’ordinateur). C’était à la fois un divertissement (parfois une corvée) et un moyen agréable et collectif de regarder les photos. Maintenant les photos sont stockées dans des cartes mémoires, puis dans des ordinateurs, et généralement oubliées au fond d’un disque dur, voire perdues par accident lors du crash du même disque dur.

Point de départ

Ayant tenté par le passé de me lancer dans la numérisation de mon stock de diapositives, j’avais acquis un scanner de films, et j’avais trouvé à la fois la tâche ardue et le résultat décevant. Puis l’appareil ayant cessé de fonctionner, j’avais abandonné momentanément cette idée en me disant que je réitérerai, un jour, l’opération. J’ai depuis lors constaté le piètre résultat obtenu avec des scanners à plat possédant des adaptateurs pour diapositives ou négatifs. La résolution n’est tout simplement pas assez élevée et ces appareils pas assez spécialisés pour donner de bons résultats avec des films 24×36.

Plusieurs années plus tard, je me suis donc rappelé cette idée qu’il faudrait un jour que je reprenne ce projet fou d’entreprendre de numériser ces centaines, voire des milliers de photos qui patientent à l’abri dans des boîtes, et qui ne sont, du fait, jamais regardées. Que de trésors oubliés en attente ! Il fallait donc m’équiper de nouveau. Je me suis mis à la recherche d’un scanner à la fois performant et pas trop cher, parce que je ne voulais pas non plus y passer une fortune. J’ai été surpris de constater au gré de mes recherches sur internet qu’il existait quand même encore pas mal de choix pour acquérir ce genre de scanner, preuve que beaucoup de gens possèdent des films négatifs et positifs en stock. Parmi les choix proposés, certains appareils peuvent se trouver directement à la Fnac, par exemple, et il existe des appareils à moins de 50 euros comme à plus de 1000 euros, qui sont plus à classer dans les appareils professionnels. Certains appareils à moins de 100 euros, semblent vraiment plus ressembler à des gadgets qu’à de vrais scanners avec un rendu exploitable.

Scanner de films négatifs et diapositives Plustek OpticFilm 8200i

Mise au point

Mon choix se porte finalement sur le scanner Plustek OpticFilm 8200i, pour une valeur d’un peu plus de 300 euros. Après quelques recherches sur internet, je trouve un bon prix sur un site allemand. Je m’étais décidé au départ pour le modèle plus d’entrée de gamme, le 8100, mais après comparatif des deux modèles, au moins un élément m’a fait opter pour le 8200 : le scanner infrarouge, permettant d’éliminer les poussières. Or, il s’avère que les films comportent en général beaucoup de poussières, qu’il est très difficile d’éliminer avec des moyens traditionnels. J’en avais déjà fait l’expérience, et à moins de passer un temps assez long à épousseter les films avec un équipement spécifique, le scanner infrarouge, qui va scanner les poussières et ensuite les supprimer du cliché original, justifie grandement la différence de 100 euros entre les deux modèles : le 8100 et le 8200i.

Le plus difficile dans la prise de décision a été de m’assurer de la compatibilité et de la pérennité de ce matériel en environnement Apple (Mac) et notamment de vérifier que je pourrais utiliser le scanner sur mon nouveau MacBook Air M1, qui n’est pas équipé d’une puce Intel classique. Après vérification approfondie, il semble que la compatibilité Mac passe par un logiciel tiers, SilverFast, payant, mais dont une licence est fournie avec le scanner. Ce logiciel, édité par une société allemande, est compatible avec les Mac Intel, et annoncé comme compatible avec les Mac équipés de puces Apple Silicon. Ouf ! Je passe donc commande sur le site e-commerce et très peu de temps après, je reçois la bête. Je déballe le tout, et je trouve :

  • Le scanner
  • Un câble d’alimentation pour la France, avec son transfo, de taille très raisonnable.
  • Un câble de connexion USB classique (type imprimante)
  • Une housse de transport noire, en nylon, assez élégante.
  • Deux rails de chargement : un pour les diapositives et un pour les films négatifs.
  • Le logiciel SilverFast version CD, et également en version 8, qui n’est pas la toute dernière version disponible chez l’éditeur.

Je branche donc le tout, et raccorde l’appareil à mon MacBook Air M1. Comme l’ordinateur ne dispose que de connectique USB-C, je passe par un adaptateur, pour brancher le scanner n’ayant lui, qu’une connectique USB-A, vers l’ordi. J’installe ensuite le logiciel SilverFast v8, je l’active et je télécharge même la dernière mise à jour disponible depuis le site. Une fois le logiciel lancé, je suis un peu dérouté par le look’n feel que je trouve vieillot. L’interface, je ne la trouve pas du tout pratique. Sur la gauche, une liste de fonctions très techniques, avec pour chacune un acronyme qui doit apparemment correspondre à un truc breveté par l’éditeur, mais dont on ne comprend pas facilement l’usage. En outre, le programme est très mal foutu, ne se cale pas correctement avec mon affichage, est difficile à manier. On a un peu l’impression d’un programme mal développé, il y a 10-15 ans, par des programmeurs qui n’ont pas trop l’habitude des macs. Mes premiers essais ne sont pas satisfaisants et la communication avec le scanner échoue souvent. Bref… je commence à regretter mon achat.

Il me vient alors l’idée de retourner sur le site de l’éditeur de SilverFast. Tout passe par ce programme car Plustek ne fournit aucun pilote sur Mac pour ce scanner. Donc, sans SilverFast, point de salut. Une nouvelle version 9 est disponible sur le site de l’éditeur, mais ce n’est pas celle qui est fournie avec le scanner. Je décide alors de vérifier mon éligibilité pour l’acquisition gratuite de cette nouvelle version, après avoir rempli un formulaire et fourni ma facture d’achat, j’obtiens une licence pour la version 9, que j’installe. Je décide également de connecter le scanner désormais directement à l’ordinateur, sans passer par mon adaptateur multifonctions, mais en le connectant au port USB-C avec un simple adaptateur USB-C <=> USB-A. Je lance alors SilverFast version 9 et là, c’est le jour et la nuit : le logiciel possède une bien meilleure interface, beaucoup plus propre et adaptée au Mac, et qui ne plante pas. Plus aucun problème de communication avec le scanner, peut-être grâce à la nouvelle manière de le raccorder à l’ordinateur.

Déclenchement

Vient ensuite l’étape de l’expérimentation, et pour commencer, je ressors quelques diapositives rangées depuis longtemps dans une boîte bien hermétique. Je n’avais pas regardé ces photos depuis des années. C’est donc un peu la surprise. Je fixe les diapos sur le rail qui doit les guider à l’intérieur du scanner. Déjà, l’explication donnée pour le sens d’introduction des diapos n’est pas évidente, mais après quelques tests, je finis quand même par comprendre comment ça marche, et à mettre les photos dans le bon sens.

La prise en main du logiciel n’est pas aisée. Il y a de nombreux réglages à effectuer et toutes les fonctions ne sont pas utiles. Pour moi les plus importantes sont : la rectification automatique des couleurs et du contraste, pour essayer d’optimiser des prises de vues qui n’étaient pas toujours idéales en termes d’exposition. Ensuite, et c’est le plus important : le filtre anti-poussière. Heureusement, le scanner propose un mode de prévisualisation permettant de voir la photo en résolution réduite pour vérification rapide sur écran (pré-numérisation). Les fonctionnalités qui me semblent fondamentales sont les suivantes : multi-exposure (plusieurs expositions sont effectuées lors du scan pour obtenir le meilleur résultat possible, via la technologie HDR), iSRD en association avec le scan infrarouge (HDRi) pour l’élimination des poussières. J’ai, en revanche, désactivé certaines fonctions avancées comme GANE (pour la suppression du grain), car je souhaite conserver l’aspect original des photos.

Le plus simple pour effectuer tous ces réglages sans trop farfouiller dans l’interface, est d’utiliser le « pilote automatique » (ou WorkflowPilot, selon la terminologie de l’éditeur). Le pilote automatique enchaîne les étapes dans l’ordre séquentiel et vous permet d’activer ou de désactiver les fonctions selon votre usage et besoin.

Il faut néanmoins faire attention à :

  • Configurer la résolution de sortie pour le scan définitif à la valeur maximale autorisée par le scanner ou du moins satisfaisante pour le plus large usage. Pour le Plustek OpticFilm 8200i, cette résolution est de 7200 ppp. A moins, la photo sera visualisable sur écran, mais risque d’être décevante en cas d’impression papier. Attention car le programme affiche une résolution pour la prévisualisation, et il ne faut pas confondre les deux valeurs. Pour la prévisualisation, je l’ai configurée en 300 ppp, ce qui est largement suffisant. A noter : si une résolution de 7200 ppp peut paraître très importante pour une numérisation de photos « papier », elle ne l’est pas tellement pour la numérisation de films, qui représentent des surfaces à scanner beaucoup plus petites et pour lesquelles nous avons besoin de davantage de précision. Aussi 300 ppp sera peut-être suffisant pour scanner une photo de 12 x 10 cm, mais très insuffisant pour un film 24 x 36 mm.
  • Format de fichier : alors ici, les choix peuvent varier en fonction de vos besoins. Si vos photos diapositives ou négatives sont de très bonne qualité, vous serez sans doute intéressé(e) par le stockage en format RAW, qui vous permettra aussi des modifications ultérieures plus aisées à l’aide de votre logiciel de retouche photo préféré. Personnellement, il s’agit surtout de photos de vacances et de souvenirs réalisés avec un appareil d’entrée voire de moyenne gamme, et donc j’ai opté pour le format JPEG. Il convient ensuite de régler le taux de compression pour éviter d’avoir des fichiers trop gros, si les photos ne sont pas de qualité suffisante.

Développement et conclusion

Une fois tous ces réglages opérés, et quand j’ai pu optimiser le résultat souhaité, et surtout le ratio taille fichier / qualité d’image obtenue, j’ai été assez satisfait de la numérisation de mes photos. Le plus impressionnant est le scan anti-poussière qui fonctionne vraiment très bien.

Voici une photo en pré-numérisation montrant un certain nombre de poussières sur le film :

À noter que la prénumérisation applique déjà un filtre correctif sur l’exposition et le contraste.
La même photo après numérisation complète, scan anti-poussière et recadrage :

Scan photo après filtre anti-poussières
Scan photo après filtre anti-poussière

Le résultat est quand même assez bon, pourvu que la photo d’origine soit bonne aussi. Après, l’application de tous ces filtres et notamment du filtre anti-poussière font que le scan d’une seule photo en 7200 ppp prend quand même beaucoup de temps. Chez moi, une seule diapo est numérisée en plus de 5 minutes (5’30 environ). C’est qui est assez long. J’ai calculé : si vous restez à surveiller l’ordinateur, le temps de charger puis recharger le rail, vous ferez au maximum 10 photos par heure. C’est un processus très chronophage. Et autant dire que si vous voulez numériser beaucoup de photos dans une journée, vous serez quand même pas mal monopolisé par cette tâche. Donc ça exclut de s’éloigner de l’ordinateur. Heureusement, le scanner, quand il a fini de numériser, est assez sonore (la tête de lecture se rétracte avec un bruit de motorisation). Il est également possible de demander au programme de jouer un son à la fin de la numérisation (mais hélas le programme n’accède pas aux sons système et il vous faudra lui procurer un fichier audio, dommage). C’est donc un long processus qui vous attend si vous avez un stock important de diapositives ou de négatifs à numériser.

Une fois les photos scannées et stockées, il vous faudra néanmoins les retoucher. En effet d’une part le cadrage n’est pas optimal : la photo n’est pas forcément bien calée dans le rail, qui n’est pas d’une précision incroyable, sans compter que le film lui-même n’est déjà pas forcément bien calé dans le cadre de la diapositive. Il vous faudra également faire pivoter les photos prises en mode portrait de 90° pour qu’elles soient dans le bon sens, une fois numérisées. D’autre part, vous trouverez peut-être que le cadrage d’origine de la photo n’était pas magnifique. Et enfin, vous voudrez peut-être tenter d’améliorer numériquement les qualités de la photo d’origine (luminosité, couleurs…).

En effet, même si c’est une joie d’avoir passé autant de temps à numériser des vieilles photographies, à les redécouvrir (les découvrir parfois), on s’aperçoit néanmoins que la qualité de l’image d’origine n’était peut-être pas extraordinaire, moins bien que dans nos souvenirs peut-être, que nous n’étions pas de très bons photographes ou que nous avons conservé certains clichés médiocres ou imparfaits, que nous ne disposions alors peut-être pas d’un très bon appareil… bref ! On se rend compte aussi que la photographie argentique, même en 24×36, et à moins de disposer d’un excellent appareil et photographe, selon les époques, n’était peut-être pas aussi formidable qu’on le pensait. Avec le recul, même si les premiers APN n’étaient pas d’une qualité fabuleuse, l’industrie dans ce domaine a fait beaucoup de progrès, et nous disposons aujourd’hui d’appareils numériques permettant d’obtenir d’incroyables clichés, même à un prix très raisonnable. Et donc certaines de nos vieilles photos, si ce n’était le souvenir, peuvent nous paraître un peu décevantes. Mais elles ravivent nos souvenirs les plus anciens, en tout cas, et rien que pour ça, ça valait le coup d’investir dans un scanner comme le Plustek OpticFilm 8200i !

Merci à Marielle pour la relecture et les corrections.