Séquence nostalgie pour une technologie qui a fait son temps.
Ce week-end, c’était grand rangement et fouille des tiroirs remplis de vieilleries, les trucs qu’on garde parce qu’on se dit qu’ils marchent toujours et qu’il ne faut pas les jeter, ou par sentimentalisme. Au fond du tiroir, mon vieux lecteur DAT de marque Aïwa, un appareil que j’ai acheté dans les années 90, à la recherche d’un magnétophone numérique pour des enregistrements audios de bonne qualité. C’était après la sortie du CD, et je découvrais ce que c’était que le son numérique. Mes précédentes expériences d’enregistrement audio étaient réalisées avec des magnétophones à cassette analogique, la cassette grand public que beaucoup de gens ont connue et utilisée. Même avec un très bon micro, ce support était limité et les enregistrements laissaient entendre pas mal de souffle.
Parmi les formats conçus pour remplacer la cassette audio analogique figuraient la DCC (Digital Compact Cassette) qui possédait les mêmes dimensions exactement que la cassette audio qu’elle visait à remplacer, et la DAT (Digital Audio Tape) de dimension plus petite mais aussi dotée d’un mécanisme plus complexe, à l’instar des cassettes vidéos VHS, par exemple. La DCC n’a pas eu le succès escompté, en dépit et peut-être à cause d’une proximité de format avec l’ancienne cassette audio. La DAT, quant à elle, a duré, mais son coût de fabrication était sans doute rédhibitoire pour qu’elle devînt un objet populaire. Elle fut très utilisée par les professionnels et dans les studios d’enregistrement. Elle intéressa aussi les audiophiles comme moi qui recherchaient un matériel d’enregistrement ayant une qualité « pro » mais qu’on pouvait facilement transporter.
Je ne me souviens plus du tout comment j’ai trouvé ce modèle (peut-être chez Cobra), le HD-S100 de chez Aïwa (réputé pour ses walkmans et ses chaînes portatives), mais aujourd’hui encore, je trouve qu’il avait de la gueule avec ses formes arrondies. Évidemment, 15 ans après, il fait triste mine : le revêtement en plastique doux que je trouvais agréable à l’époque est tout usé.
Les cassettes se chargeaient par le dessus. La trappe s’ouvrait avec un bruit de servo cybernétique, un peu comme les magnétoscopes des années 80. Il était muni d’un écran LCD monochrome permettant de visualiser le timing et les numéros de pistes. Contrairement aux cassettes analogiques, on pouvait afficher à tout moment le temps et la position de l’enregistrement. Il était possible d’ajouter des marqueurs pour créer des pistes. On pouvait sauter d’une piste à l’autre lors du « bobinage » de la cassette.
La face avant était munie de boutons pour gérer les pistes et la lecture/l’enregistrement, de potentiomètres pour les niveaux d’enregistrement de chaque canal gauche/droite, et pour le volume d’écoute au casque (l’appareil n’était pas équipé de haut-parleur intégré). Au niveau connectique, on note :
– une prise jack stéréo pour télécommande / casque d’écoute
– une prise jack pour microphone stéréo
– des entrée et sortie « ligne » en stéréo analogique (jack)
– une entrée/sortie digitale (également au format jack), mais n’ayant aucun autre appareil muni d’une telle connectique, je n’ai jamais pu l’utiliser.
– un commutateur analogique/digital pour sélectionner l’entrée à utiliser
– un atténuateur de niveau d’entrée pour le microphone 0db/10db/20db.
L’appareil était doté d’une batterie nickel cadmium extractible ainsi que d’un bloc d’alimentation énorme, plus gros que l’appareil. Une des limitations du DAT était que la norme restreignait le nombre de copies numériques d’un même enregistrement à deux maximum. Il était en revanche possible de copier vers ou depuis un appareil analogique sans limitation. Mais je n’ai jamais utilisé la copie numérique. Je voulais juste disposer d’un appareil permettant d’obtenir des enregistrements de qualité numérique. Je lui avais adjoint un excellent microphone stéréo Sony, dont je n’ai aucune idée de ce qu’il est devenu. Je me suis également aussi beaucoup servi de l’appareil pour enregistrer de la musique ou des émissions de radio. J’ai d’ailleurs toujours un stock de cassettes en ma possession.
La durée des cassettes pouvait être de 60, 90 ou 120 minutes, sur une seule face (pas besoin de la retourner). C’était donc idéal pour se concocter quelques compils musicales bien fournies ou des enregistrements live sans interruption, là où le compact-disc était limité à 60 minutes.
Avec l’apparition du Compact-Disc et notamment des graveurs de CD, j’avais un peu remisé le lecteur/enregistreur DAT au placard. Il était devenu peu maniable, surtout avec son imposant bloc secteur. Mais c’est vrai que pendant des années je n’ai plus réalisé d’enregistrements. Seulement de la gravure de CD. C’était la mode. Puis m’est revenue l’envie, ou le besoin, de disposer d’un enregistreur pour faire essentiellement du live, pour enregistrer des formations musicales amies, et puis ensuite pour m’enregistrer moi avec mes différents groupes. Les magnétophones numériques à carte mémoire ont remplacé les enregistreurs à bande et autres MiniDisc. J’ai tout d’abord acquis un appareil de la marque Zoom, le H4n, muni de deux micros X/Y en stéréo, puis me l’étant fait voler, je me suis racheté un Zoom 6 pistes, le H6, un appareil dont je suis littéralement tombé amoureux et qui m’a permis d’avoir dans la main un mini-studio d’enregistrement, avec lequel j’ai pu enregistrer mon groupe lors de répèts, avec une qualité de son très chouette.
Évidemment, il y a un saut technologique entre les deux appareils, et je peux réaliser des enregistrements multi-pistes (jusqu’à 6 pistes) avec le H6, chose que je ne pouvais pas faire avec le DAT. Le Zoom est incroyablement bien conçu et peut s’utiliser en association avec plusieurs types de micros : X/Y, micro capsule ou même micro perche directionnel mono ou stéréo, qui viennent se connecter directement sur l’appareil, sans câble. Il dispose également de possibilités de branchement pour des micros ou instruments. Je l’utilise aussi comme micro connecté à mon ordinateur pour de la visio-conférence ou des enregistrements.
Mais bon, voilà, c’est ainsi : le magnétophone DAT me rappellera toujours une partie de ma vie et tout ce que j’ai fait avec. Aujourd’hui, il n’est plus vraiment fonctionnel, et même s’il s’allume, il ne lit plus les cassettes. On pourrait sans doute le réparer, mais sa mécanique est si fragile.. Je crois qu’il va partir au recyclage, avec tous mes regrets. Adieu, compagnon…